
Sur d’énormes blocs de béton triangulaire du boulevard de la Bastille, placés là pour dissuader les sans-abri de s’y installer, des bénévoles de l’association La Cloche posent comme des coureurs de sprint parés sur des starting-blocks. C’est une « conférence de presse un peu ludique » qui utilise les JO comme prétexte, commente Goli Moussavi, directrice d’une section locale de l’asso, pour parler d’un sujet qui fait moins rire : le mobilier urbain anti-sdf, toujours présent à Paris et dans d’autres villes.
Plus loin Jean-Pierre, bénévole à La Cloche et comédien, harangue la foule des journalistes devant un banc trop petit pour s’y allonger. Des membres de l’association y ont installé un filet, et le voilà transformé pour une partie de tennis de table, tandis que Jean-Pierre déclame : « On est exclus de la société, c’est ça la politique actuelle ! Remettez des bancs normaux pour les sans-abri, les personnes âgées et les femmes enceintes. »
Opprobre public
Le but de l’association, ainsi que de la Fondation Abbé Pierre, qui participe à l’évènement, est de sensibiliser le plus grand nombre pour qu’un tel mobilier ne soit plus installé. « L’idée c’est qu’ils se disent c’est pas cool alors qu’avant ce n’était pas vu comme quelque chose de honteux », commente Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre.
En dehors de la sensibilisation, les associations n’ont pas beaucoup de prise sur les auteurs de ces installations, qui sont essentiellement des commerces et des copropriétés. La Mairie de Paris s’était engagée en novembre 2020 à les identifier et à mener des « actions incitatives » pour supprimer les installations litigieuses, mais indique aujourd’hui n’avoir « pas les moyens de recenser tous les dispositifs ». « Le recensement, c’est très compliqué », lâche Léa Filoche, adjointe aux solidarités, qui n’a reçu en deux ans qu’un seul signalement à ce sujet, et indique avoir envoyé une lettre à la société Haropa Port il y a environ trois mois. Les associations quant à elles n’ont pas non plus les ressources humaines pour contacter chaque propriétaire ou commerce.
Depuis plusieurs années, l’opprobre public qui accompagne l’installation de tels mobiliers a conduit certaines organisations à plus de discrétion. C’est peut-être le cas par exemple de cette sorte de vasque géante pour mettre des fleurs, mais vide, et placée sous un porche, devant laquelle passe la déambulation. « Quand on met un pot de fleurs, on ne le met pas sous un porche ! Ce mobilier a été mis là parce que c’est un endroit où on peut mettre des tentes », critique Patrice, 52 ans, qui est resté cinq mois à la rue en 2019 et 2020.
Des signalements via #StopMobilierExcluant
Alors pour se moquer, Patrice fait mine d’allumer la flamme olympique dans cette immense vasque, Gilles – quinze années dans la rue au compteur – fait du golf avec des boules placées au pied d’un mur et Bruno transforme en cage de but un abribus, où une barre en plein milieu du siège empêche quiconque de s’allonger. « Il faudrait mettre plus d’énergie pour permettre un accès à du logement en attendant il faut au moins avoir des villes hospitalières », commente Manuel Domergue. « Nous prônons une ville plus accueillante. D’autant plus que ça coûte de l’argent d’installer ces trucs qui ne servent à rien ! », complète Goli Moussavi.
Les internautes indignés par ces pratiques peuvent les signaler avec le hashtag #StopMobilierExcluant ou sur lespicsdor.fr. Le site Internet sert de bases de données pour la cérémonie des « Pics d’or », qui remet un « prix » aux pires anti sans-abri. Rendez-vous le 18 novembre prochain pour connaître le « vainqueur ».
Selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, le phénomène serait en augmentation, mais difficile à vérifier. Mike, 26 ans, ne peut en tout cas plus dormir près du Palais Royal depuis près d’un an, quand du mobilier « excluant » y a été installé. « Cela m’arrive de tourner une heure et demie voire deux heures pour trouver un endroit pour dormir », explique-t-il. Selon Le Revers de la médaille, un « nettoyage social » est à l’œuvre à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques. Près de 12.500 personnes ont été expulsées en Ile-de-France en un an, explique le collectif dans un rapport publié lundi.
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