Avant, les patrons se retrouvaient sur les parcours de golf pour tisser des liens. En 2024, ces rencontres ont changé de décor : finies les discussions sur le green, place aux murs d’escalade. Les réunions importantes et les négociations se déplacent hors des bureaux, à la recherche de nouvelles façons de créer du lien.
« L’escalade de bloc a permis à toute une génération de faire de véritables rencontres et de créer des réseaux solides, que ce soit des amis ou des contacts professionnels, grâce à cette pratique, » confie Grégoire De Belmon, entrepreneur qui a rencontré ses associés dans ce milieu.
« On en vient très vite à discuter de ce qu’ils font dans leur vie, et cela peut effectivement créer des ponts professionnels », confirme Jules Delourme, Responsable Communication & Marketing du groupe Vertical’Art, un réseau de salles d’escalade de bloc.
L’escalade, autrefois peu médiatisée, surfe maintenant sur une tendance croissante depuis 2019. Selon La Fabrique Verticale, le chiffre d’affaires des salles d’escalade indoor françaises a augmenté de 17 à 18 % par rapport à 2022.
Un sport qui réunit
« Moi, je travaillais dans des startups du secteur électronique et, c’est dans des salles d’escalade que j’ai rencontré mes associés actuels », avoue Grégoire De Belmon, cofondateur d’Arkose. Passionné de la pratique depuis le collège, il a fini par fonder une entreprise française spécialisée dans l’escalade indoor à ses 37 ans. « C’est clairement en discutant avec des gens dans les salles que j’ai décidé de me lancer », poursuit-il. « On n’a pas besoin de venir à deux pour faire de l’escalade de bloc, alors on va potentiellement discuter avec des gens que l’on ne connaît pas. Cela permet de créer des liens sociaux et, petit à petit, de tisser un réseau ».
Ces salles ne se limitent pas à la pratique sportive : ils sont également des espaces de convivialité. « Nous avons une partie escalade, mais aussi une partie restauration/bar où l’on peut librement s’asseoir et télétravailler, » explique Jules Delourme. Le responsable communication n’avait pas imaginé que ce cadre convivial, au-delà de la pratique sportive, favoriserait la création de réseaux professionnels. « Ce cadre chaleureux favorise les discussions professionnelles même si ce n’était pas initialement prévu. »
Nécessitant une tenue simple (un short et un tee-shirt), le sport efface les distinctions entre les pratiquants, qui se concentrent ensemble sur l’objectif d’atteindre le sommet. « Cela peut effectivement créer des ponts professionnels, même dans un cadre personnel », souligne le responsable Communication & Marketing.
Ce phénomène est particulièrement visible dans une des salles du groupe Vertical’Art, située à deux pas de Station F, le plus grand campus de start-up à Paris. « Dès l’ouverture de la salle, nous avons créé un partenariat avec Station F pour que tous les incubés bénéficient de tarifs avantageux chez nous, et cela a créé beaucoup de grimpeurs. »
Dans le réseau de salles Vertical’Art, comme Arkose, il devient de plus en plus courant de trouver des espaces avec un accès Internet gratuit et des zones de coworking pour les grimpeurs. Cette proximité doublée d’une grande accessibilité fait de ces salles des lieux propices aux échanges moins conventionnels, transformant certains espaces en véritables extensions des bureaux.
Une installation stratégique
« Des start-up tiennent leurs réunions chez nous. Plutôt que de rester dans des salles à Station F, ils préfèrent venir boire un verre dans notre restaurant et discuter de travail, avant d’aller éventuellement sur la partie sportive », explique Jules Delourme. Qui se dit surpris de constater ce revirement dans les usages de la salle, qui n’organise pourtant pas d’événements en ce sens. « Il y a pas mal d’entreprises qui organisent des événements chez nous, en offrant l’expérience escalade à leurs collaborateurs pour resserrer les liens, faire des jeux de confiance et passer une bonne soirée. » Les start-up, le secteur bancaire et d’autres industries n’hésitent pas à transformer ces lieux sportifs en afterwork ou cocktail parties. Et même en dehors de ces évènements privés, réseauter se fait naturellement.
« Ce qui est remarquable, c’est la mixité des métiers parmi nos abonnés, qu’ils soient banquiers, agents immobiliers ou enseignants. Sur les tapis d’escalade, on ne distingue plus les professions, ce qui facilite les interactions et l’entraide. L’escalade est un sport très social, où les liens se tissent facilement, même pour ceux qui viennent seuls. » conclut Jules Delourme.
Avec une moyenne de 150 euros pour dix séances, l’escalade devient le nouveau rival du golf. Pratiquée en intérieur, nécessitant peu d’équipement (louable sur place), et accessible dans plus de 7.000 salles en France, la grimpe pourrait bien devenir le sport incontournable pour ceux qui souhaitent agrandir leur carnet d’adresses.
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