
Sitôt les Jeux olympiques terminés, la question est sur toutes les lèvres. La France va-t-elle connaître un boom de la pratique sportive à la rentrée ? « Jusqu’à présent, la tenue d’un tel événement a contribué à promouvoir le sport mais ne garantit pas le prolongement de l’engouement, tempère d’emblée Guillaume Dietsch, enseignant agrégé d’éducation physique et sportive (EPS) et écrivain. Des études menées après les Jeux de Londres en 2012 le montrent. »
Pour promouvoir leur candidature, le gouvernement français et le Comité d’organisation avaient insisté sur l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). « Ce rendez-vous sera aussi une occasion sans pareille de mettre le sport et ses bienfaits au cœur de notre société, déclarait ainsi la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, en décembre 2023. Avec l’organisation des JOP, nous avons une opportunité unique de faire de la France la nation sportive que nous appelons de nos vœux. »
Près de neuf mois plus tard, au terme de Jeux réussis, ponctués d’une avalanche de médailles, le gouvernement français a l’occasion de transformer l’essai en faisant de l’Hexagone un pays où le sport est roi. Pour cela, il faudra convertir les millions de jeunes Français. Un défi de taille.
Être en capacité d’accueillir les licenciés
À Colombes (Hauts-de-Seine), jeudi 8 août au stade Yves-du-Manoir, en sortant de l’épreuve de hockey sur gazon, un groupe de jeunes déambule, comme émerveillé. « C’était top de voir cette effervescence et d’être au cœur des Jeux. Ça a été un éveil sportif et culturel pour moi », confie Inès Syliane, 25 ans. « Ça me donne envie de découvrir de nouveaux sports », abonde Abdoulhakim, 18 ans, qui s’apprête à débuter en septembre une classe prépa en physique-chimie.
Tous les deux ont pu assister à des épreuves grâce à Sport dans la ville, une association d’insertion par le sport, créée en 1998 et désormais implantée sur tout le territoire français. Chaque année, près de 12 000 jeunes originaires de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont accompagnés par l’association. Le leitmotiv de l’association est clair : offrir à tous la possibilité de faire du sport, convaincue qu’il s’agit d’un vecteur d’insertion sociale.
L’année olympique qui s’achève a servi de moteur à l’association. « Nous avons pu proposer aux jeunes des sports qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer, comme le golf ou l’équitation », détaille Théodore Timboussaint, responsable des programmes sport et pédagogie en Île-de-France pour Sport dans la ville. Ce travailleur social est confiant : « Je suis sûr qu’on aura plein de petits pongistes et nageurs », pronostique-t-il, le sourire en coin, en référence aux exploits des frères Lebrun et de Léon Marchand.
« Mais pour qu’il y ait un prolongement de l’engouement, il faudra d’abord être capable d’accueillir tous ces nouveaux licenciés », note Guillaume Dietsch, également auteur de l’ouvrage Les Jeunes et le Sport. Penser la société de demain (1). L’enseignant, sociologue du sport, rappelle par exemple que, en 2023, « la Fédération française de basket-ball a refusé près de 100 000 licenciés à l’échelle nationale » faute d’installations sportives suffisantes.
Éviter les « éléphants blancs »
Pour amortir le boom éventuel des licenciés, il est impératif de développer l’accès aux équipements. C’est l’un des objectifs que se sont fixés les dirigeants de Sport dans la ville. À Pantin (Seine-Saint-Denis), Théodore Timboussaint nous fait découvrir les dessous d’un chantier en cours. Sur un terrain vague, des gravats s’amoncellent, tandis que les tractopelles sont à pied d’œuvre. Deux terrains synthétiques ont été fraîchement posés.
« C’est notre futur campus d’Île-de-France. Cela fait sept ans que le projet est pensé, mais le contexte des JO nous a aidés à développer ce type de terrain qui facilite une pratique libre et pour tous », assure-t-il. Situé au carrefour entre Bobigny, l’Île-Saint-Denis et Aubervilliers, ce complexe sportif, qui sera composé d’un terrain de basket, d’un autre de football et d’une piste d’athlétisme, offrira dès octobre prochain une nouvelle possibilité de faire du sport aux riverains et aux clubs des environs.
En plus de ces équipements achevés grâce à la dynamique olympique, les organisateurs ont martelé que les infrastructures mises en place pour accueillir les épreuves des Jeux seraient utiles aux populations. À cent jours de l’ouverture des JO, le président de la République avait promis qu’il n’y aurait pas « d’éléphants blancs », une expression utilisée pour désigner les infrastructures abandonnées après une grande compétition sportive, comme cela avait été le cas pour les JO de Rio en 2016. Ainsi, le Centre aquatique olympique de Saint-Denis – seul nouvel équipement construit de façon pérenne – a été installé dans un quartier en pleine mutation, bien desservi par les transports.
Dans sa voiture, entre le chantier et les locaux de son association, Théodore Timboussaint confie que son mois d’août sera principalement consacré à recruter des éducateurs sportifs et des bénévoles. « C’est important que les infrastructures suivent mais aussi l’encadrement », lâche-t-il, concentré sur sa mission.
« C’est ce qui fait la richesse de notre modèle et que l’on doit pérenniser si l’on veut créer un héritage », insiste Guillaume Dietsch. Les travaux de l’enseignant mettent en avant une forme de « zapping sportif » chez les jeunes. Pour lui, « le plus difficile ne sera pas tant de les accrocher mais d’éviter l’abandon de la pratique sportive à long terme ». Les bénévoles des clubs et éducateurs sportifs sont alors une clé de voûte de la transmission de la passion, indispensables pour limiter les décrochages.
« Redonner ses lettres de noblesse à l’EPS »
Un an avant le début des Jeux olympiques, un rapport parlementaire, qui formulait une cinquantaine de recommandations, réclamait également un « héritage immatériel ». « Il faut redonner ses lettres de noblesse à l’EPS, en faire une discipline pédagogique à part entière, si on veut faire de la France une nation sportive », pointait le rapport piloté par les députés Stéphane Mazars et Stéphane Peu. Sollicité, ce dernier, élu communiste d’une circonscription de Seine-Saint-Denis, regrette que « le gouvernement n’ait pas mis à profit les Jeux pour se doter d’une grande loi sur le sport ».
S’il se félicite de Jeux olympiques qui se sont mués en fête populaire et de la réussite des sportifs français, Stéphane Peu rappelle que « le sport scolaire reste encore le parent pauvre » de l’éducation nationale. Un sentiment partagé par Guillaume Dietsch qui conclut sur une contradiction évocatrice de la considération accordée à la pratique sportive : « À l’école, l’EPS est la seule discipline où l’on peut être dispensé. Cela semble anecdotique, mais c’est très emblématique de la culture du sport dans notre pays. »
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La Seine-Saint-Denis privilégiée
La majorité des nouvelles infrastructures construites pour les JO 2024 a bénéficié au département métropolitain le plus pauvre de France : la Seine-Saint-Denis, qui a reçu 80 % des investissements publics destinés aux Jeux.
Le village olympique et le village des médias, situés sur l’Île-Saint-Denis, offriront respectivement 4 000 logements, dont 40 % de logements sociaux, et 1 300 logements, dont 20 % de logements sociaux.
Le site Paris La Défense Arena, à Nanterre, habituellement réservé aux chanteurs et aux rugbymen du Racing 92, a été de son côté transformé pour accueillir deux piscines olympiques de 50 mètres, qui seront transférées ensuite dans des villes de Seine-Saint-Denis. Après la fin des Jeux paralympiques, un bassin de 50 mètres sera donné à Sevran et l’autre sera divisé en deux bassins de 25 mètres, dont l’un ira à Bagnolet. Le dernier n’a pas trouvé preneur.
(1) De Boeck supérieur, 160 p., 19,90 €.
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